Les défis que doit relever le syndicalisme en général et la FSU en particulier sont immenses, ce congrès doit être le moment privilégié d’un échange sur ce contexte de crise et d’une réflexion de fond sur le rôle du syndicalisme, l’évolution des pratiques syndicales, leur nécessaire adaptation en lien avec une ambition réaffirmée de demeurer une organisation de masse proche des préoccupations des agent-es et au service du progrès social.
Le pré-rapport du thème 4 note à juste titre que « la crise démocratique s’incarne notamment par une perte de confiance dans le système représentatif qui touche le politique et percute le syndicalisme, par ailleurs mis de côté en France par le pouvoir ». S’ensuit une série de questions sur les conséquences à en tirer pour notre stratégie d’action et notre fédération. Y répondre avec le plus de précision et de lucidité possible relève d’une nécessité quasi vitale dans le contexte actuel.
En effet, si les problématiques ne sont pas nouvelles, deux éléments au moins leur donnent un caractère d’urgence.
Premièrement, l’intérêt d’une organisation syndicale pour structurer, organiser et faire déboucher les aspirations des salarié-es est questionné autant par le fait que de nombreux-ses salarié-es se détournent de toute action collective que par des mouvements type « gilets jaunes » qui font de leur développement en dehors des syndicats un gage de leur efficacité. L’enjeu est donc de réaffirmer le rôle du mouvement syndical en tant que lieu d’élaboration démocratique des orientations et des stratégies d’action, tout en recherchant l’efficacité et la réactivité. La structuration n’est pas une faiblesse mais un atout car elle est seule à même de faire du commun. C’est ce qu’il pourrait s’agir de faire partager aux collègues par des campagnes intensifiées de syndicalisation, par des rencontres diversifiées (débats, stages, informations syndicales, etc…).
Deuxièmement, la loi Fonction publique votée cet été donne un coup d’accélérateur à un mouvement de long terme d’affaiblissement du cadre statutaire. Nous devons continuer à combattre cette évolution, mais elle nous oblige aussi à nous redéfinir, nous qui avons assis notre pratique syndicale sur la défense des personnels dans un cadre collectif fort. Les nouvelles modalités de gestion signent avec brutalité la fin du paritarisme : comment continuer à aider et informer les collègues ? Au-delà comment continuer à faire du commun dans le nouveau cadre imposé qui pourrait ne plus être catégoriel mais qui pourrait être de plus en plus transversal et pourrait donc relever de plus en plus de la fédération ?
Pour faire du commun, la FSU a plusieurs atouts : des valeurs fortes et identifiées, le pluralisme dans son fonctionnement, la pratique d’un syndicalisme au plus près des personnels, la présence militante forte sur le terrain. C’est en partant de ces atouts que doivent se réfléchir les évolutions, à commencer par le rôle et donc les moyens donnés à la structure fédérale pour mener à bien toutes ces tâches, défendre la Fonction publique et toutes et tous ses agent-es.
Benoît Teste, Bernadette Groison, UA