A l’occasion des congrès FSU, un débat peut s’instaurer dans les départements sur la proposition de la nationalisation sans indemnité ni rachat de l’enseignement privé.
Ambition laïque
Le service public d’éducation doit recevoir les moyens humains, matériels et philosophiques pour lui permettre de réaliser, dans les faits, le grand service public unifié émancipateur dont les populations de ce pays ont besoin.
Les principes de laïcité et de neutralité, propres à la construction de la liberté de conscience et de l’esprit critique, imposent que l’État cesse de financer des établissements « au caractère propre » revendiqué.
Fin du financement de l’enseignement privé
Il faut donc que l’argent public cesse de financer les écoles privées, dont l’immense majorité est confessionnelle : Les moyens publics doivent aller exclusivement à l’école publique.
Une telle législation emporterait avec elles tous les financements (y compris crédits d’impôt) qui profitent à l’enseignement privé même non-confessionnel.
Il n’est pas acceptable que de l’argent public finance une activité privée essentielle comme l’éducation obligatoire et participe donc à favoriser les inégalités.
Au-delà des grands principes, les politiques austéritaires, l’asséchement volontaire des finances publiques, rendent de plus en plus recevable et pertinente dans l’opinion publique ce mandat d’attribution exclusive de l’argent public à l’enseignement public.
Nationalisation sans indemnité ni rachat : un affichage contre-productif.
Est-il indispensable pour atteindre l’objectif d’un service public laïque unifié que nous revendiquions de faire de l’Éducation un monopole d’État? Et donc de considérer que « la liberté de l’enseignement » au sens de « la liberté pour les familles de choisir le mode d’instruction de leurs enfants » ne peut exister. Nous pensons que non, et cela n’a jamais été posé comme cela dans un congrès.
Cette « liberté » est reconnue comme « constitutionnelle » au titre des principes fondamentaux du préambule de la constitution. Nous ne sommes pas dupes des arguments de ceux qui l’invoquent dans le but de contrôler l’éducation de la jeunesse pour l’éloigner de la raison et de l’émancipation. Cette liberté ne saurait être donc totale et doit s’exercer, sans privilège, dans le cadre de la loi et sous le contrôle de l’État.
Espérons par ailleurs que nous n’aurons plus à invoquer la liberté d’enseignement pour nous-même car, historiquement, républicains et laïques ont eu besoin de cette liberté pour libérer l’éducation du l’emprise de l’Église catholique.
De plus , aujourd’hui, la question sociale ( concurrence et contournement de la carte scolaire) l’emporte de loin dans le choix des familles sur celle d’un enseignement à « caractère propre »: comment s’attaquer réellement, concrètement, à cette question ?
Un service public ambitieux, financé à la hauteur de cette exigence, est plus de nature à fédérer massivement autour de nos positions qu’une législation (« nationalisation sans indemnité ni rachat ») facilement caricaturable qui nous éloignerait finalement de la réalisation de nos objectifs.