Lors de sa création en 1947, la FEN décide de s’organiser en tendances, censées représenter les différents courants du pluralisme syndical existant auparavant dans la CGT.
Le courant Unité et Action, souvent présenté à cette époque comme « proche des communistes », s’inscrit dans une volonté de changer profondément la société ; il est à cette époque résolument opposé aux tendances, qui figent les débats dans la FEN et cristallise les oppositions, mais il s’en prend également au fait que la FEN refuse d’intégrer dans sa direction les courants « minoritaires ». Ainsi lorsque le Snes, dès 1967, et le Snep deviendront majoritairement UA, la tendance UID continuera, malgré cela, à représenter le second degré à la direction fédérale ! C’est dans cette période (les années 70) que se structure véritablement la tendance UA, et qu’elle développe alors le « un corpus » de réflexion qui fonde l’orientation UA.
Il faut rappeler que le débat entre UA et UID (tendance majoritaire du SNI et de la FEN), porte profondément sur l’école, école qui n’est en elle –même, selon UA, ni « libératrice », ni « émancipatrice » ; l’école fondamentale pour UID s’oppose à l’ école progressive pour UA. La question de la démocratisation dessine aussi des divergences sur les transformations sociales. L’élévation des qualifications et du niveau de recrutement des maîtres sont aussi les enjeux des débats. Plus largement, UA oppose un syndicalisme de « luttes de classes » au syndicalisme dit « réformiste » incarné par la FEN et le courant UID.
Voyant sa « majorité » menacée (elle ne tenait que par des statuts scandaleusement avantageux pour lui), le courant UID tente au début des années 90 de recomposer le paysage syndical par l’exclusion du Snes et du Snep, et la mise à l’écart des 30% de sections départementales du SNI-PEGC dirigées par U&A. Le fait d’avoir porté une véritable orientation syndicale, alternative au sein de la FEN, non seulement dans des syndicats, mais aussi par l’existence de SD à majorité UA, a permis de faire échec à cette opération. C’est ainsi qu’UA, avec l’apport d’autres composantes (tendance EE, Autrement, et des syndicats non exclus qui décident de quitter la FEN, la création du Snuipp à partir des militants UA et EE), met toutes ses forces dans la construction d’une nouvelle fédération, en s’efforçant d’éviter les « travers » de la FEN. La FSU, fédération de syndicats nationaux, naît en 1993. Elle s’appuie sur un trépied, syndicats nationaux, sections départementales et tendances.
Comment définir l’orientation UA aujourd’hui
Un syndicalisme de masse, au plus près du terrain. Un syndicalisme qui a la volonté d’être majoritaire, ce n’est pas l’avant –garde éclairée, mais un syndicalisme offensif et revendicatif, ce qui suppose l’écoute des collègues, et non le dogmatisme de celui qui a « la » réponse. Cela implique d’avancer des revendications qui sont bien celles des personnels que nous souhaitons représenter. Ce qui n’est pas toujours simple !
Un syndicalisme de transformation sociale
Il s’agit de rassembler et d’agir pour des transformations sociales profondes , mais aussi crédibles et capables de mobiliser les personnels, les salariés. Se battre au quotidien, sur les revendications de métier, de carrières, aussi bien que sur les grandes questions sociales : notamment les droits et libertés, la solidarité avec les peuples de la planète, la lutte pour la paix…sont des combats de toujours d’UA, comme la volonté de construire des alternatives économiques et sociales.
Pour UA, le syndicalisme doit être largement ouvert sur les autres
mouvements sociaux et participer activement aux luttes altermondialistes
Un syndicalisme d’action qui se bat pour gagner
Il ne s’agit pas pour UA d’opposer syndicalisme de négociations et syndicalisme de résistance. Notre volonté de refuser les régressions doit s’ancrer dans la force de nos propositions. Le syndicalisme que nous défendons, doit donc s’efforcer de trouver les moyens du rapport de forces qui permette ensuite de négocier des avancées. Evidemment, encore faut-il qu’il y ait en face des interlocuteurs pour le faire.
Mais nous ne devons pas être acculés à la défensive, le dos au mur
UA est résolument dans le syndicalisme de conquête. On se bat pour gagner et engranger des acquis. Certes, on se bat souvent, particulièrement aujourd’hui pour empêcher des dégradations : la bataille du CPE en a été un exemple : elle fut une victoire symbolique qui montre que la résistance à un projet néfaste peut payer, mais pour autant est pas suffisante pour imposer nos convictions, et gagner de nouveaux droits pour les salariés, ce qui est essentiel si l’on veut redonner confiance dans le syndicalisme.
UA s’est toujours positionné pour un syndicalisme de masse, contre des logiques minoritaires.
Pour UA ce sont les salariés qui sont propriétaires du mouvement social, c’est avec eux que nous avançons
Un syndicalisme unitaire
Pour UA, il s’agit donc de mettre en œuvre des pratiques unitaires, au quotidien comme dans l’action. Il ne s’agit pas de se laisser paralyser. Que ce soit à l’époque de la FEN, où le courant UA défendait fortement l’unité d’action FEN/CGT/CFDT, mais où les syndicats à direction UA comme le Snes prenaient leurs responsabilités pour appeler à l’action en l’absence d’unité et d’appel fédéral, comme aujourd’hui, où nous faisons le maximum pour agir dans l’unité, que ce soit en intersyndicale de l’Education Nationale ou en actions unitaires interprofessionnelles, dans la diversité des secteurs où nous intervenons, mais où nous prenons, sur les champs qui sont les nôtres, les décisions qui s’imposent pour la défense de nos mandants. Mais nous savons que les salariés, les personnels aspirent de plus en plus à l’unité des organisations syndicales. La FSU a d’ailleurs, dès sa création, et sous l’impulsion des militants « unité et action », posé la question d’un syndicalisme rassemblé, respectueux de la diversité des opinions, mais uni pour être plus fort et faire valoir ses propositions et revendications.
Le rapport au politique
Volonté d’indépendance, de ne pas se laisser instrumentaliser, définir soi –même l’orientation syndicale, ne pas importer dans le syndicat des corpus idéologiques et des mots d’ordre venus d’ailleurs ; ce qui ne veut pas dire indifférence au politique. Il s’agit de dire ce que l’on pense sans s’interdire aucun sujet, et de donner tous les outils de réflexion aux collègues, sans pour autant dicter leurs choix.
UA : du pluralisme interne, des débats acharnés et la volonté de faire vivre ensemble cette orientation.
Des divergences, aujourd’hui moins présentes entre le 1er et le 2 second degré, car pour une part héritées de la FEN, mais qui pointent parfois comme sur le débat sur le TCE, sur l’élargissement de la FSU, sur la signature des accords de Bercy, du protocole Agents Non Titulaires, sur le système éducatif et l’Ecole du socle, et même sur les modalités d’action, aucun sujet n’échappe au débat dans UA ! Sur tous ces sujets, il convient de travailler en amont, ce qui est parfois compliqué comptetenu de nos histoires et de nos implantations différentes.
Tout ceci est normal dans une tendance vivante qui a aussi bien la responsabilité de « gros » syndicats, majoritaires dans leur secteur, que de plus petits, majoritaires ou non, dans d’autres ;
normal pour une tendance démocratique, dont les fondements doivent être confrontés au développement de chaque syndicat, avec des collègues et des situations différentes, mais aussi aux évolutions de la société ;
normal pour une tendance qui a la responsabilité de la Fédération, et le souci de travailler à des synthèses qui rassemblent.
Débats vifs donc, mais volonté commune de faire progresser l’outil qu’est le courant de pensée, dont nous pensons qu’il est un atout majeur pour le développement de la FSU et ainsi de l’ensemble des services publics et de la Fonction Publique.