L’égalité entre les femmes et les hommes est un enjeu syndical majeur qui traverse l’ensemble de l’activité de la FSU

Différentes enquêtes révèlent que les salariés expriment des attentes très fortes à l’égard des syndicats sur l’égalité entre les femmes et les hommes au travail. Pour Unité Action, cette question ne peut plus se limiter au thème 3, ni être neutralisée par des désaccords conceptuels comme cela a pu être le cas lors du congrès de Clermont Ferrand. Elle doit irriguer l’ensemble de notre activité syndicale.

La permanence dans le débat public de la libération de la parole commencée avec #MeToo, le succès des mobilisations féministes ces dernières années, la mise en œuvre du Plan d’action égalité professionnelle dans les différents ministères et collectivités territoriales nous offrent l’occasion d’approfondir cette réflexion, de se mandater d’une façon renouvelée et de créer des dynamiques militantes en pariant sur la disponibilité de nos collègues pour mener ce combat.

L’enjeu pour Unité Action à l’occasion des congrès départementaux est d’enrichir la réflexion de la fédération à tous les niveaux et de se donner des mandats permettant d’avancer efficacement dans ce dossier en faisant de la place aux préoccupations et pratiques des militantes et des militants.

  • Les pratiques professionnelles visant à éradiquer les inégalités, notamment dans l’éducation

Nombre de nos collègues développent dans leurs pratiques professionnelles une attention particulière à la lutte contre la reproduction des stéréotypes, des processus de domination, des inégalités en général. Profs du second degré ou Psy EN travaillant sur l’orientation, PE attentif.ves aux jeux des élèves dans la cours, profs d’EPS vigilants sur le sexisme dans les pratiques sportives, infirmières de l’EN etc. IL est évident que l’EN a des responsabilités majeures à l’égard des nouvelles générations sur l’égalité entre les femmes et les hommes.

Les débats du thème 1 gagneraient à les faire participer, ce qui permettrait aussi d’impliquer dans le thème 1 des non enseignants qui ont, en tant que militants de la FSU un regard à porter sur le SP d’éducation. Il ne s’agit bien sûr pas de prescrire des pratiques, mais de concevoir des revendications et des pratiques syndicales qui laisseraient la place à ce dossier majeur.

  • L’égalité professionnelle

Les militants de la FSU à tous les niveaux travaillent à la mise en œuvre du plan signé en 2018 au niveau de la FP et qui se décline en ce moment dans les ministères. Les 4 axes du plan (le premier étant celui du pilotage) sont autant de chantiers qui peuvent permettre de gagner des avancées concrètes, en articulant le travail des élus dans les CT, les CAP et les CHSCT et les mobilisations sur le terrain, dans les établissements et les services.

Le thème 2 est l’occasion de rendre visible ce qui se fait déjà en la matière mais aussi de chercher de nouvelles formes d’action syndicale visant à contraindre l’administration à s’appliquer réellement les règles qu’elle-même édicte.

Les métiers fortement féminisés et faiblement rémunérés peuvent faire l’objet d’une attention particulière sous cet angle, de même que les pratiques de discrimination involontaire (attribution des heures supplémentaires, organisation du travail, évaluation…) qui creusent les inégalités professionnelles. Ces débats peuvent être l’occasion de mobiliser les militants de terrain tout en faisant apparaître à leurs yeux l’importance du travail dans les instances.

  • Débats théoriques et conceptuels : surmonter les divisions, déconstruire les fausses oppositions

Les pré rapports de congrès et notamment le thème 3 portent la marque des débats antérieurs dans la FSU et des débats au sein des sphères militantes au-delà de la FSU. Ils sont parfois le résultat d’affrontements, et en tant que tel ils sont aussi un enjeu de pouvoir pour les tendances minoritaires qui s’efforcent souvent d’y poser des marqueurs sémantiques plus que de contribuer à l’élaboration d’une pensée dialectique susceptible de rassembler les militants et les personnels.

Il faut bien reconnaître que c’est souvent par l’EE que des concepts nouveaux font leur entrée dans nos débats. Ils sont parfois issus de la recherche, comme « racisé » ou « intersectionnel », et à ce titre méritent d’être soumis à notre réflexion. En tant que tels, ils ne relèvent pas d’un « camp », ne sont pas des marqueurs. Mais lorsqu’ils arrivent dans nos débats, souvent via des associations ou organisations politiques, c’est qu’ils ont déjà quitté le seul domaine de la recherche pour être chargés idéologiquement. Et c’est à ce titre qu’ils sont utilisés par les militants pour sommer la FSU et les militants de « choisir son camp », en acceptant d’être de ceux qui emploient tel ou tel mot, au risque de cliver les militants. La capacité à cliver des concepts s’émoussant parfois, de nouveaux concepts peuvent apparaître pour jouer ce rôle. Il est important de les identifier. On pourra par exemple être vigilants avec « décolonial » cette année.

Les militants UA en responsabilité des textes savent devoir y résister, ne serait-ce que parce que nos collègues sont généralement indifférents à ces désaccords, et pour éviter d’exposer la FSU à des campagnes de dénigrement inutiles. L’enjeu pour UA dans le thème 3 est d’éviter de se trouver pris dans un débat conduisant à « choisir son camp », tout en ne refusant pas de nommer et de prendre en charge les questions que recouvrent les thermes les plus clivants : islamophobie, racisé.e, intersectionnalité par exemple ne sont pas des termes tabous pour UA, mais il importe de les définir pour éviter qu’ils ne deviennent des étendards de l’EE.

Les associations féministes, les organisations syndicales et associatives ont été et sont encore traversées par une opposition entre « universalistes » et « intersectionnalistes » présentés comme des camps irréconciliables et des concepts contraires, faisant parfois obstacles aux luttes unitaires. Pourtant une compréhension approfondie montre que cette opposition est largement surjouée et que l’idéal universaliste, s’il ne veut pas s’en tenir à l’universel abstrait mais se traduire dans la réalité de la vie des personnes n’est pas en contradiction avec l’attention aux discriminations croisées que les approches différentialistes ou intersectionnelles peuvent porter. Leur accorder une place dans notre réflexion ne saurait en revanche en rabattre sur l’exigence d’égalité des droits, la lutte contre le repli identitaire ou communautaire et le souci de rassembler dans les luttes.

Le travail en commission préparatoire sur ces sujets est important, ainsi que l’implication de militant.e.s de terrain éloigné.e.s des préoccupations partisanes. On peut se référer aux travaux menés lors des séminaires UA de 2020-21, ou au travail qui se mène au sein de la commission femmes d’ATTAC par exemple (lien vers article?)

  • Pratiques militantes

L’exigence d’égalité est largement partagée dans la fédération, et sa traduction dans la réalité dépend d’abord de la vitalité de la FSU, beaucoup plus que des mandats et règlements. Un congrès est l’occasion d’observer et d’infléchir les pratiques, et il importe d’être en amont attentifs aux prises de parole, constitution des équipes de rapporteurs, composition de la tribune etc.

Les débats sur le thème 4 peuvent fournir l’occasion de travailler de façon approfondie sur ce qui, dans les pratiques syndicales, pourrait favoriser l’implication des militantes à tous les niveaux, de l’organisation du travail à la prise en compte des charges qui pèsent encore aujourd’hui sur les femmes en passant par la formation des militantes et militants, non seulement à l’égalité, mais aussi aux différents aspects du travail militant et à la prise en charge des violence sexistes et sexuelles dans le cadre syndical et militant.

Des mandats existent sur ces sujets, qui marquent un souci bien présent dans la fédération de mettre en œuvre des pratiques égalitaires. Mais la parole des militantes et militants en congrès peut permettre de créer des dynamiques de prise de conscience collective.