Texte UA d’entrée au CDFN de septembre

La situation internationale continue de peser lourdement sur le climat politique, économique et social mondial.
La lente montée du nationalisme se poursuit. En Allemagne, le parti AFD vient de réaliser des scores historiques à l’est, dans des régions où l’essor économique laisse de côté une partie de la population, classes moyennes et populaires, tentées par la vote nationaliste, raciste et xénophobe.
Partout des leaders démagogues tentent d’imposer un modèle de gouvernement autoritaire formellement démocratique mais prétendant diriger au nom de la partie saine de la Nation et donc peu respectueux des droits pour une opposition de s’exprimer, et plus globalement des libertés individuelles et de l’état de droit. Les exemples hongrois, polonais, turcs ou brésilien, au-delà des différences ponctuelles, témoignent de ce que les libertés syndicales et le droit du travail en constituent également des cibles.
Les revers subis par Salvini en Italie et Johnson au Royaume Uni sont donc de bonnes nouvelles pour le mouvement syndical et globalement pour le mouvement social progressiste. Il convient également de saluer le courage avec lequel les peuples, au Soudan, en Algérie ou à Hong Kong se battent pour les libertés démocratiques.
Nationalisme et protectionnisme tendent à se conjuguer. La guerre commerciale entre les EU et la Chine, la perspective du Brexit ajoutent aux incertitudes et, alliées à la surabondance de la finance spéculative, laissent planer un risque de nouvelle crise, comme si aucune leçon n’avait été tirée autrement qu’en paroles de celle de 2008.
Le  libéralisme, forme agressive du capitalisme, accroît les inégalités, creuse le lit des désespérances et des colères populaires dont le nationalisme est un débouché fréquent.
La lutte contre toutes les formes de nationalisme passe donc par le refus des politiques libérales, à l’échelle européenne et mondiale, elle nécessite également des choix déterminés en terme de politique de redistribution, d’investissement massifs dans l’éducation, la culture et l’éducation populaire, et plus globalement dans le développement de services publics.
Si la décision française de taxation des GAFA va dans le bon sens, le compte n’y est largement pas en terme de réglementation internationale, de lutte contre la fraude fiscale – bien plus coûteuse que la « fraude sociale » n’en déplaise au scandaleux rapport Grandjean – et bien entendu de lutte contre le réchauffement climatique dont sont d’abord victimes les êtres humains les plus fragiles et les plus pauvres.
En France, face au gouvernement, construire les mobilisations des travailleurs.
Après deux ans à superbement ignorer les organisations syndicales et près d’un an après le début de la crise des Gilets Jaunes, le Président Macron, à l’évidence seul maître à bord d’une République plus que jamais monarchique, l’affirme avec force : le temps serait désormais au dialogue, à l’écoute, à la concertation.
Sans doute la persistance d’un rejet important dans l’opinion, la stabilisation à un haut niveau du Rassemblement national, la perspective d’élections municipales difficiles pour le corps malingre quoique macrocéphale de LREM expliquent elles largement cette humilité nouvelle, adoptée par discipline plus sans doute que par nature par le Gouvernement.
Posture ou conviction, peu importe au fond. Tant le recul du calendrier de la réforme des retraites que l’annonce du renoncement à la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires s’expliquent également par la détermination des organisations syndicales et du mouvement social à ne pas accepter sans lutter les contre réformes sociales qui signent l’identité vieillottement libérale de ce pouvoir.
Pour autant les options de fond demeurent : choix de raboter le modèle social français au prétexte de compétitivité internationale, de s’aligner sur les desiderata d’un patronat silencieux car complice, poursuite des orientations malgré la colère sociale et l’inéluctabilité de la catastrophe environnementale.
D’où des contradictions criantes, non dénuées de cynisme : au G7, le Président Macron stigmatise à juste titre Bolsonaro pour le non respect des engagements climatiques, quelques jours après avoir fait ratifier le Ceta, symbole d’un libre échange destructeur pour l’environnement. Le Président prétend faire de la lutte contre les inégalités une priorité mais son gouvernement impose une réforme de l’assurance chômage extrêmement brutale et d’abord pour les travailleurs les plus précaires.
Le Président Macron le reconnaît lui même : la braise est toujours là, ardente sous la cendre.
Plusieurs conflits sociaux le démontrent bien qui touchent dans le public comme dans le privé – services d’urgences, pompiers, travailleurs uberisés… – des femmes et des hommes que la dégradation de leurs conditions de travail et donc de vie poussent à bout.
La FSU soutient la mobilisations des jeunes le 20 septembre et sera naturellement présente dans les marches mondiales pour le climat le 21 septembre.
Il conviendrait par ailleurs que la Gauche française sorte des querelles, dénonce en commun les politiques régressives et propose ensemble des alternatives de progrès. De lourdes responsabilités pèsent aussi sur un mouvement syndical hélas lui aussi par trop fragmenté, et notamment sur la FSU.
Car rien n’est perdu ni terminé des luttes pour revenir sur les conséquences néfastes tant de la loi sur la Fonction publique que des lois et réformes sur l’Education.
Les mouvements de fin d’année, face aux projets d’école des savoirs communs ou à la réforme du lycée et du bac, ont démontré que les personnels n’étaient ni conquis ni résignés. S’il nous faut éviter de considérer la réforme des retraites comme la « mère de toutes les batailles », elle reste incontournable en termes d’action syndicale.
La FSU se fixe comme tâche, au plus près des personnels, d’en expliquer les enjeux et les menaces des projets gouvernementaux. Elle sera présente dans les actions interprofessionnelles et agira pour que celles-ci soient d’avantage prises de façon unitaire.
Pour la FSU, seule la mobilisation massive des travailleurs, actifs et retraités, dans l’unité syndicale la plus large, sans exclusive, peut établir un rapport de force.
C’est là sa responsabilité dans les mois qui viennent.
Olivier Kosc
Matthieu Leiritz