Depuis plusieurs années, et notamment depuis les luttes contre les lois Travail, les manifestations syndicales se déroulent dans un climat de plus en plus tendu.

Affrontement physiques, usage de gaz, présence d’individus cherchant systématiquement la confrontation avec les forces de l’ordre nuisent aux mobilisations de travailleuses et de travailleurs qui désirent porter dans l’espace public leurs revendications.

La brutalité avec laquelle les cortèges de Gilets jaunes ont été réprimés, avec à la clé de nombreuses blessures mutilantes, jointe à l’épuisement de forces de police par ailleurs durement éprouvées par la lutte contre le terrorisme, ajoute à ce climat de tension, au risque de voir limité le droit à manifester, pilier de notre démocratie.

Contrairement au droit de grève, la liberté de manifester n’est pas inscrite dans la Constitution. Ce droit est garanti symboliquement par son inscription dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. L’article 10 souligne : «Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi.»

L’article 9 de la convention européenne des droits de l’homme dit que la liberté de manifester ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles prévues par la loi et qui constituent des mesures nécessaires dans une société démocratique à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publique.

Dans ces conditions, comment savoir si certaines interdictions de manifester sont justes et ne sont pas seulement prises pour étouffer toutes contestations et les rendre invisibles ?

Pour nos libertés individuelles le droit de manifester devrait être inscrit dans la constitution.

Le pouvoir d’interdire une manifestation devrait émaner d’un collège de magistrats indépendants et non d’un préfet, qui est l’organe exécutif de proximité de l’Etat.

Bien entendu la sécurité des manifestants doit être la priorité des missions des forces de l’ordre, pour cela la doctrine d’emploi actuelle inefficace et parfois violente contre des innocents doit être totalement revue.

Elle doit faire la distinction entre casseurs, black blocs , groupes ultra violents et manifestants qui se retrouvent plongés malgré eux au milieu du chaos.

Le droit de manifester en paix, élément fondamental des libertés démocratiques, ne saurait être remis en cause sans que la démocratie ne soit fragilisée.

Flavien Benazet, Polo Lemonnier  UA