La question du rapport entre syndicalisme et politique, aussi vieille que le syndicalisme, n’en relève pas moins d’une actualité brûlante.

 

Le quinquennat en court illustre en effet une asymétrie de situation dramatique pour le syndicalisme de transformation sociale. Si le patronat, et plus globalement les forces sociales partisanes d’un rapport de domination envers le monde du travail public ou privé, disposent d’un débouche politique à travers la Droite conservatrice ou libérale, il n’en va pas de même pour le mouvement syndical.

 

Les raisons qui expliquent la distance entre syndicalisme et Gauche politique, pour être séculaires, n’en demeurent pas moins valables depuis la Charte d’Amiens en 1906: impératif de l’indépendance syndicale garante de la crédibilité des organisations aux yeux des salarié.es, convaincu-es que leurs revendications et décisions ne sont pas prises ailleurs qu’au sein de leurs directions élues, souci de ne pas importer dans des organisations par nature rassembleuses des querelles partisanes et/ou électoralistes, refus d’externaliser certains champs revendicatifs, sociaux, économiques, politiques ou écologiques.

 

Pour autant qui peut nier le rôle démobilisateur car désespérant de l’absence actuelle de perspective d’arriver au pouvoir d’une Gauche susceptible de transformer les revendications en législation ? Les revendications sociales deviennent des conquêtes sociales par l’alliance lucide de la mobilisation sociale et de la loi, du syndical et du politique. Ainsi de la traduction en lois des luttes sociales pour la réduction du temps de travail ou l’extension du champ de la protection sociale.

 

C’est pourquoi l’indépendance ne peut se traduire par l’indifférence. Outre la défense des libertés démocratiques, le mouvement syndical, nécessairement attaché à la résorption de ses propres divisions, ne peut se désintéresser à l’avenir du paysage politique à Gauche, ni se résigner à son fractionnement.

 

Faute de quoi reculs sociaux et montée des courants nationalistes et identitaires se conjugueront, bien loin des intérêts des travailleuses et des travailleurs.

Renouer des liens, échanger sur les contenus, travailler de concert dans le souci de nos responsabilités respectives et dans la transparence à un projet de transformation sociale fidèle à l’histoire du mouvement social français, relèvent donc d’une ardente et urgente nécessité.

 

Matthieu Leiritz, Polo Lemonnier UA