L’accession de Donald Trump au pouvoir, avec l’extrême droite américaine, nous oblige à modifier nos cadres de pensée. L’internationale de l’extrême droite bénéficie désormais d’un soutien de poids qui favorise sa progression dans différents pays. Les interventions, voire l’ingérence, de membres de l’administration Trump dans des pays étrangers aux États Unis ont pesé sur les résultats électoraux et renforcé les extrêmes droites locales ou les forces réactionnaires et libérales, comme enAllemagne, au Canada ou au Groenland.

Les outrances du président américain et l’exposition médiatique dont il dispose permettent de mieux visualiser ce quereprésente la mise en place d’une politique d’extrême droite : remise en cause immédiate de l’état de droit et des droits des étrangers, attaques massives contre la science, la recherche, l’éducation et la culture, destruction des services publics et affaiblissement de l’État… La tronçonneuse de Musk n’a rien à envier à celle de Milei. Dans le même temps, la généralisation du mensonge et de la désinformation dans le discours public entretiennent la confusion et participent à une déstabilisation en profondeur.

Pourtant, même au pays du capitalisme et du culte de l’individualisme, les résistances commencent à s’organiser.

En choisissant la Russie et en écartant l’UE, Trump fait le choix du pays agresseur. En Europe, le passage à une économie de guerre est à l’ordre du jour. Dans ses interventions, Macron met en avant la nécessité du réarmement et de réorienter les budgets en conséquence. Il a appelé à des « réformes courageuses » et « sans que les impôts ne soient augmentés ». Il faut donc entendre que ces choix budgétaires se feront au détriment des services publics, des fonctionnaires et du monde du travail, au détriment de toute politique sociale ou écologique…

Et le fait est que les libéraux (Edouard Philippe par exemple) poussent pour profiter de l’instant et appliquer une politique encore plus libérale, en commençant par appeler à l’abandon du conclave sur les retraites et de toute perspective, sinon d’abrogation, du moins d’aménagement de la réforme de 2023. Les discours sur l’augmentation du temps de travail reviennent également en force. Bref : les libéraux sont dans la stratégie du choc pour imposer la fin du modèle social hérité du CNR.

Pour Unité et Action, c’est le moment de mettre en avant nos revendications de financement des services publics et de la protection sociale. De rappeler notre exigence de répartition des richesses produites, pour financer les besoins sociaux mais aussi les urgences écologiques. La paix se construira aussi par l’accès à l’éducation, à l’enseignement supérieur (en ce moment : clairement sacrifié !), grâce à la recherche et plus largement grâce l’existence d’un État social capable de redistribuer les richesses, d’assurer l’égalité des droits et de garantir les libertés.

La FSU porte également l’importance du droit international, attaqué de toute part pour laisser la place aux prédations (territoires, ressources dont terres rares…). C’est dans cette direction que l’Europe et la France doivent jouer un rôle déterminant : le droit international doit s’imposer, la FSU ne doit cesser de mettre en avant le rôle de l’ONU et de la diplomatie.

La France doit ainsi s’exprimer clairement sur la situation en Palestine : la reprise des frappes israéliennes sur les civils de Gaza est intolérable. Les citoyen.nes israélien.nes manifestent dorénavant en nombre contre le choix de la guerre deNetanyahu, le choix du sacrifice des otages et des civils sous les bombes, pour empêcher tout processus de paix et demeurer au pouvoir…

Les discours bellicistes sont à combattre. Partout dans le monde, une paix juste et durable est le seul avenir pour lequel nous devons nous engager. Ce qui suppose le respect du principe d’autodétermination des peuples, du droit international, ce qui suppose la capacité de ne rien céder aux impérialismes et expansionnismes. La période est complexe, affrontons les débats nécessaires en gardant le cap du financement à arracher pour tous les droits sociaux, les retraites et les salaires, la protectionsociale, pour une société où le principe de répartition choisi à la Libération reste une boussole crédible aux yeux de nos collègues et de la population en général.

C’est un enjeu majeur : la désinformation et les ingérences, favorisant l’extrême-droite (qu’elles viennent de Poutine ou de Trump), constituent des tentatives de déstabilisation des démocraties, qui sont de réelles menaces et qu’il nous faut affronter.

Les discours de guerre, les menaces pour la paix et les démocraties ont fait passer en arrière plan le problème du dérèglement climatique et de ses conséquences pour l’avenir de l’humanité. Pourtant, l’urgence est bien celle-ci. Les capitaux engloutis dans une course au réarmement vont aussi être utilisés par les libéraux pour doper la croissance économique, une fois de plus sans réflexion sur la finalité de cette dernière.

La FSU peut contribuer à rappeler que les productions de richesses doivent servir à la population, aux services publics, qu’il n’y a pas d’autre raison que le refus d’une répartition juste, pour sacrifier les services publics et la fonction publique au profit d’une course à l’armement que nous condamnons.

La vigilance et l’engagement de la FSU doivent être de chaque instant pour sortir de la sidération que provoque les décisionslibertariennes de Trump qui s’attaque à la recherche et aux chercheur.euses et procède à l’effacement des données de recherches, mais aussi de données mémorielles. En France, la droite libérale autoritaire chasse sur les terres du RN et plus généralement de l’extrême-droite… l’enseignement supérieur public est attaqué comme jamais, des formations sont supprimées, l’accès à la culture est menacé alors que des centres éducatifs s’ouvrent pour une jeunesse abandonnée. Le gouvernement s’attaque à la justice des mineurs telle que définie par l’ordonnance de 1945, le droit du sol est remis en cause, … La mobilisation du 22 mars contre le racisme et l’extrême droite doit s’amplifier face aux attaques, la campagne contre les idées d’extrême droite, le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme engagée avec l’ensemble de l’intersyndicale doit permettre de toucher l’ensemble des agent·es et des salarié·es.

Alors construisons les suites de ces moments récents porteurs d’un fort potentiel de mobilisation. Après le 5 décembre avec la fonction publique, la FSU a contribué à la réussite d’un 8 mars dynamique et porteur d’espoir pour une société féministe et donc égalitaire… Dans la suite des mobilisations des retraité.es du 20 mars, les actions de défense du système public de santé et d’une protection sociale de haut niveau doivent être poursuivies pour gagner le 100% sécu.

Des actions se développent dans plusieurs secteurs, notamment dans l’Enseignement supérieur, la culture, la protection de la jeunesse… Dans la Fonction Publique, une campagne d’information sur la baisse de la rémunération du congé maladie ordinaire doit prendre forme, cette attaque s’ajoutant au gel du point d’indice, à la suppression de la GIPA et aux conditions de travail dégradées. Cette campagne sera un levier pour la journée d’action du 3 avril à l’appel de la CGT, la FSU, Solidaire et l’UNSA.

La CGT vient, à son tour de claquer la porte du “conclave”, après l’annonce de Bayrou qu’il n’était pas envisagé de réellement revenir sur la réforme de 2023.

Tournons-nous maintenant vers nos collègues, informons-les, faisons le point avec elles et eux pour construire les mobilisations pour imposer des alternatives. Plus que jamais, pour Unité et Action, la FSU est engagée pour une société et un monde d’égalité et de justice.

Rachel Schneider, Emmanuel Mercier, Valérie Poyet, Thierry Quétu