La crise écologique est systémique. Les mots ont un sens. Cela signifie qu’elle doit être première dans la construction de notre orientation syndicale tant dans la définition de notre conception de la transformation sociale que dans celle du système éducatif et le fonctionnement de tous les services publics.

La fin du monde, la fin du mois

Amorcée sur le refus de paiement d’une taxe sur l’essence, la crise des gilets jaunes a montré l’impossibilité de faire face à la crise écologique sans prendre en compte les conditions de vie réelles des personnes. Le slogan « la fin du monde, la fin du mois » doit être entendu comme un appel à construire une transition écologique soutenable et socialement acceptable. Il pose clairement la question des inégalités dont celles d’accès aux services publics, celle du financement de cette transition donc de la redistribution des richesses notamment par la fiscalité.

Enjeux de (re)territorialisation

Faire face à la transition écologique, c’est réduire notamment la consommation d’énergie, les déchets. Cela suppose une réhabilitation massive des logements qui peut être assurée par des mécanismes tels le tiers payant (à facture égale, baisse des consommations !) cautionné par des banques publiques comme la caisse de dépôt et consignations, les banques publiques d’investissement dont il faut revoir les statuts pour leur permettre de se refinancer auprès de la banque centrale européenne.

Il faut en finir avec le PIB. Les indices de développement durable de l’ONU doivent devenir la norme pour l’ensemble des acteurs économiques, politiques et sociaux.

Faire face à la transition écologique, c’est aussi augmenter tout ce qui favorise une amélioration du bilan carbone : les circuits courts, la gestion des déchets, le développement des pratiques de mise en commun d’équipements, les jardins partagés ou urbains. Ce qu’il faut penser, c’est une économie du lien c’est-à-dire une économie qui favorise les synergies à l’échelle locale, l’économie sociale et solidaire. La FSU doit développer ces liens avec cette économie qui privilégie le monde associatif. Les enjeux sont à toutes les échelles, mondiale comme locale. C’est donc localement qu’il faut anticiper les nécessaires médiations, les outils visant à développer autonomie et coopérations. C’est enfin une révision complète des procédures d’enquêtes publiques qui autorisent une prise en compte réel des avis citoyens et qui doit favoriser une véritable démocratie locale. Sans mésestimer les apports potentiels des plateformes collaboratives, la tentation du tout dématérialisé est une impasse qui conduit à la fragmentation sociale et spatiale voire à la violence. Le maintien de services publics sur l’ensemble des territoires est une condition de réussite de la transition écologique à la fois comme facteurs de réduction des inégalités mais aussi pour réduire le bilan carbone.

Urgence climatique ? Une urgence éducative et syndicale !

Pour un système éducatif éco-responsable

La première de ces questions est celle du projet éducatif que nous portons : quel sens pouvons-nous donner à l’urgence écologique à l’école ? De nombreux enseignantes et enseignants agissent déjà sur le terrain pour faire changer les choses (tri sélectif, potager participatif, pédibus, etc.). Mais la question de la transition écologique doit devenir la priorité et un axe principal d’organisation de notre système éducatif et de notre enseignement, de la maternelle au supérieur. La création d’éco-délégués dans les établissements du second degré n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan : il faut aller au-delà des faux-semblants et faire en sorte que l’ensemble des acteurs dans un établissement devienne partie prenante, à l’échelle de l’établissement, d’une transition écologique et durable. C’est au sein-même des projets d’établissements et d’écoles qu’il faut construire cette démarche écologiquement responsable et penser l’école de demain. Une école qui aura à cœur de mettre la planète au centre de nos préoccupations. Cela veut dire également prévoir de sensibiliser et former nos élèves très jeunes à ces préoccupations pour en faire les acteurs de demain. Il faut donner les moyens dédiés et nécessaires aux projets mis en place qui ne doivent pas se réduire aux questions d’économies d’énergie réalisées par un établissement. Cela ne doit pas se traduire en termes de contrat d’objectifs qui subordonne l’attribution de moyens à des pouvoirs extérieurs mais plutôt soutenir les initiatives locales par des dotations spécifiques.

Repenser notre fonctionnement

Cela signifie aussi qu’il faut repenser le fonctionnement de la FSU pour réduire nos dépenses, nos déchets, nos déplacements, etc. C’est une urgence ! C’est dès maintenant, et pas au prochain congrès, qu’il faut faire des propositions concrètes de restructuration complète de notre fonctionnement pour limiter nos déplacements, supprimer nos impressions papiers, éviter l’envoi de pièces jointes dans les échanges numériques, réduire nos dépenses d’énergie. A titre d’exemple, il faut rendre plus simple et plus lisible, pour les adhérent-e-s, les modalités d’envoi papier ou numérique des publications fédérales et syndicales. L’action syndicale doit devenir systématiquement écologique et durable. Le changement sera loin d’être simple mais il doit se faire à tous les échelons de notre fédération et des syndicats nationaux. C’est de notre responsabilité syndicale que de prendre ce tournant pour notre planète. Ces changements ne doivent pas se faire au détriment de la recherche du collectif et du fonctionnement collégial en présentiel.

UA 76