Le zoom laïcité fait régulièrement l’objet de débats « serrés » dès en amont des congrès départementaux.

Cette fois, il a été particulièrement difficile de trouver une écriture de synthèse, respectant tous les équilibres.

UA était guidé par ce que nous avions écrit dans l’intro du zoom au congrès de Clermont : » La laïcité est une construction philosophique, politique et juridique à laquelle la FSU est attachée, parce qu’elle garantit l’absolue liberté de conscience pour chaque individu, et l’égalité des droits. Le statut des fonctionnaires est un des instruments pour des services publics qui respectent la liberté d’opinion et d’expression de toutes et tous les usager·es. Dans l’éducation, la laïcité permet la réflexion dans tous les champs disciplinaires, ainsi que la construction de l’esprit critique, à l’abri des pressions idéologiques, confessionnelles, économiques ou politiques. L’école favorise la confrontation des points de vue, elle fabrique ainsi un rempart contre la montée des obscurantismes et des dogmatismes. »

La laïcité prend une place importante dans le contexte éducatif et social actuel avec un gouvernement et un ministre particulièrement enclin à dévoyer la laïcité pour renforcer une conception conservatrice et identitaire de celle-ci, l’instrumentalisant pour soutenir une politique stigmatisante, autoritaire et sécuritaire.

Ceci ne doit pas nous amener à développer une argumentation soit radicalisante, soit bienveillante à l’encontre de certaines associations ou collectifs, et surtout restrictive de la loi de 1905 comme le laisse penser les lectures à géométrie variable d’EE . C’est pourquoi, UA a construit ce zoom en positif : nous défendons la laïcité, vecteur de libertés et offrant le cadre de la construction du plein exercice de l’esprit critique.

UA défend la loi de 1905 et le principe de la laïcité comme garant des libertés. Mais nous ne limitons pas la laïcité à cela. La laïcité, au-delà du cadre législatif, porte l’ambition de l’émancipation par le savoir et la raison permettant la réelle liberté de conscience. L’école est devenue laïque avant que la République ne soit décrétée laïque. La neutralité de l’État, notamment dans les services publics, est nécessaire pour garantir l’égalité de traitement mais cela ne signifie que la laïcité soit neutre, au contraire elle est porteuse de valeurs. EE pourrait vouloir faire évoluer le texte vers une euphémisation de cette ambition.

Après le vote du texte au CDFN d’octobre, l’équilibre trouvé n’est au yeux d’EE qu’une photographie instantanée et aucun doute n’est permis sur leur volonté de faire évoluer fondamentalement ce texte à l’occasion des congrès départementaux.

Plusieurs passages, malgré leur pertinence et l’esprit de synthèse qui nous a guidé, restent fragiles.

L’école laïque

Au vu de l’action de Blanquer, le contexte a rendu plus pertinent que d’habitude une insistance dans le zoom sur la défense de l’école laïque. Alors que le gouvernement instrumentalise la laïcité, il nous faut rappeler qu’il détruit l’école laïque dans son fonctionnement et ses fondements. L’école laïque exerce des missions pour tous les élèves ce qu’aucune autre école ne doit, ne veut, ni ne peut faire. Cette particularité n’est pas défendue par le gouvernement.

L’école laïque est la seule à créer les conditions de l’accueil de tou·tes, tout en offrant à chacun·e le cadre de réflexion permettant la mise à distance critique, notamment en ne plaçant pas sur le même plan savoirs, opinion et dogmes. L’introduction de cette distinction a été l’objet de débats avec EE. Il nous faut garantir son maintien dans le zoom.

Liberté d’expression – garantie des droits

Sur la question de l’offense/caricature, UA tient les 2 bouts : défense de la liberté d’expression, dénonciation de toute tentative d’instaurer un « blasphème » et exigence du respect des personnes. EE a exprimé un plus grand attachement au respect de la sensibilité des personnes et de leur idéologie. En s’arc-boutant sur des argumentaires théoriques parfois poussés à l’extrême, EE pourrait vouloir modifier le texte en ce sens.

Le prosélytisme à l’école

UA a trouvé un point d’équilibre entre les différents syndicats de l’EN , repris de Clermont : « Les pratiques enseignantes ont montré qu’il est tout à la fois possible de faire respecter les principes de laïcité en bannissant tout prosélytisme et de favoriser la participation de toutes les familles. » C’est ce qu’il faut maintenir.

Islamophobie 

Sous l’insistance d’UA, en raison de sa construction sur la référence à l’Islam et de son instrumentalisation par des religieux, il a été convenu avec EE qu’il n’était pas souhaitable et pertinent d’utiliser le terme Islamophobie dans le zoom laïcité. Toutefois EE a bien indiqué que normalement il faudrait utiliser le terme, y compris dans le zoom laïcité, parce qu’ils ne partagent pas l’analyse sur son ambiguïté.

Islamophobie a malheureusement été accolé à « laïcité » dans le zoom « extrême droite ». Dans le thème 3 général, nous avons obtenu que le terme soit précisé, , au sens de la définition de la CNCDH (qui qualifie les situations de rejet, de violence, de stigmatisation des musulman·es ou des personnes perçues comme telles).

Nous suggérons de porter des amendements demandant la suppression de la phrase incriminée du zoom extrême droite, ou de déplacer la définition vers le zoom :

Le virage sécuritaire et la remise en cause des libertés par le gouvernement mais aussi les discours d’autres partis politiques, au prétexte de lutter contre l’extrême droite, concourent à en légitimer et à en banaliser les idées, notamment autour de la défiance vis-à-vis des migrant·es ou supposé·es tel-les, ou de l’instrumentalisation de la laïcité entre autres à des fins islamophobes.

Le virage sécuritaire et la remise en cause des libertés par le gouvernement mais aussi les discours d’autres partis politiques, au prétexte de lutter contre l’extrême droite, concourent à en légitimer et à en banaliser les idées, notamment autour de la défiance vis-à-vis des migrant·es ou supposé·es tel-les, ou de l’instrumentalisation de la laïcité entre autres à des fins islamophobes (qui qualifie les situations de rejet, de violence, de stigmatisation des musulman·es ou des personnes perçues comme telles).

L’islamo-gauchisme

L’équilibre a été trouvé en mettant en avant les libertés académiques des chercheurs-euses et en reprenant une phrase proposée par le SNESUP-FSU : « La FSU dénonce le dévoiement de la laïcité par de pseudo concepts qui créent un climat de défiance au risque de disqualifier les travaux scientifiques ». La dénonciation des propos ministériels a été intégrée dans le thème 3 en accord avec les camarades EE : « Les propos de Blanquer puis de Vidal accusant des universitaires ou des syndicalistes d’être « islamogauchistes » créent un dangereux climat de défiance et ouvre la voix à la constitution de listes les stigmatisant et les livrant à la vindicte publique. »

Là aussi, il nous faut garantir le maintien de cet équilibre.

Financement public

Enfin, concernant le récurrent débat sur « nationalisation de l’école privée sous contrat, sans indemnité , ni rachat… », il nous faut considérer que ce débat a été clos à Clermont-Ferrand où nous indiquons que : « La FSU rappelle son exigence que les fonds publics ne financent que les écoles et établissements publics ». Ceci est renforcé dans le zoom 2022 en ajoutant cette phrase : « La FSU s’oppose au dualisme scolaire et toutes les tentatives d’affaiblir le service public d’Education au profit du secteur privé. »